Concoter de nouvelles familles | Cooking Up New Families

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Pour les récents immigrants, et particulièrement les réfugiés, quitter son pays d’origine implique différents types de perte. Il y a parfois la perte des liens familiaux, il y a souvent la perte de culture, et il y a toujours la perte du sentiment d’appartenance. La nourriture joue un rôle important dans tout ça — ne pas être en mesure de trouver, de préparer et de manger ses repas habituels peut faire disparaître la façon dont vous vous reconnaissez. Toutefois, la nourriture peut également être la solution. 

Une organisation montréalaise utilise la nourriture pour adoucir l’expérience des nouveaux arrivants au Québec. Supper Society est une organisation à but non lucratif fondée en 2017 par la Turque Basak Büyükçelen. Le concept est simple : chaque mois, dans un environnement décontracté, des habitants se rassemblent avec de nouveaux arrivants autour d’un repas. Les habitants préparent la nourriture; tout le monde s’assoit. Dans la normalité quotidienne d’un repas partagé, des liens sont formés, et ce qui semblait étranger auparavant commence à devenir familier. 

Pour Mme Büyükçelen, Supper Society aide à remplir le vide qu’elle a elle-même ressenti lorsqu’elle est arrivée à Montréal il y a dix ans. En dépit d’apprendre le français, de trouver du travail et de bâtir une communauté autour d’elle, l’ancienne cinéaste sentait qu’elle avait perdu une grande partie de son identité. Avec le temps, elle fut capable de recréer sa conscience de soi, mais ce fut un processus long et difficile. « J’ai travaillé fort et longtemps pour devenir une personne que je reconnaissais à nouveau, dit-elle. Ça ne devrait pas avoir à se produire pour tout le monde qui immigre au Québec. Ce que j’essaie de faire avec Supper Society est de rendre ce processus plus rapide et facile, du moins pour certains d’entre eux. »

On dit qu’en mangeant ensemble, on se rapproche. Partager un repas est une façon de partager des valeurs, d’échanger des parties de nous-mêmes et d’incorporer une sensibilité envers les autres. Nous sommes ce que nous mangeons, de plusieurs façons.

Au fil du temps, le plan de Mme Büyükçelen est de permettre aux hôtes partout dans la ville et la province — ainsi qu’aux quatre coins du Canada — de créer leurs propres rassemblements. Si un hôte peut aider une douzaine de nouveaux arrivants, un réseau étendu pourrait avoir un impact considérable.

« Lorsque j’ai eu l’idée du Supper Society, dit-elle, je ne réalisais pas qu’il existait autant d’organisations qui viennent en aide aux immigrants grâce à la nourriture, au logement et aux emplois. Maintenant, je sais que nous sommes nombreux à contribuer. C’est une autre raison pour laquelle j’apprécie cette expérience : en aidant les gens à tisser des liens communautaires, je me sens beaucoup plus ancrée. »

En effet, plusieurs autres programmes centrés sur la nourriture ont été lancés au cours des dernières années, répondant ainsi aux nombreux besoins des nouveaux arrivants. Certains se concentrent sur le développement de compétences, et d’autres ont une vocation plus sociale. Dans les deux cas, le résultat est une intégration plus facile et un sentiment d’appartenance.

La table à manger familiale est l’endroit où les traditions se forment et se reproduisent, un repas à la fois. Les rassemblements de la Supper Society jouent le même rôle. Les anciens participants amènent souvent de nouveaux membres, ce qui étend la portée de l’organisation. De cette façon, le chez-soi est réétabli, les traditions sont refaites, et la « famille » montréalaise grandit avec plus de diversité, de résilience et beaucoup plus de saveur.

Plus d’information est disponible au suppersociety.org/fr.

For recent immigrants, and particularly those with refugee experience, leaving their country of origin involves many different kinds of loss. Sometimes, there is a loss of family connections, often a loss of culture, and always the loss of a sense of belonging. Food plays a key part in all of this—not being able to find, make, and eat customary foods can start to erode the way you recognize yourself. At the same time, however, food is also a solution.

One organization that is using food to smooth the experience of new arrivals to Québec is Supper Society, a non-profit founded in 2017 by Turkish-born Basak Büyükçelen. The concept is simple: every month, in an informal setting, established locals get together with newcomers over a meal. The locals make the food; everyone eats. In the everyday normalcy of a shared meal, connections are made, and what had previously seemed foreign starts to become familiar.

For Büyükçelen, Supper Society helps fill a gap that she herself felt upon arriving in Montreal a decade ago. Despite learning French, finding work, and building a community around herself, the former filmmaker felt that she had lost a large part of her identity. Over time, she was able to recreate her sense of self, but it was a slow and difficult process. “I worked long and hard to become a person I recognized again,” she says. “That shouldn’t have to happen for everyone who immigrates to Québec. What I’m trying to do with Supper Society is make it faster and easier, at least for some of them.”

It is said that when we dine together, we become more alike. Sharing food is a way of sharing values, exchanging parts of ourselves, and incorporating the sensibilities of others. We are what we eat, in so many ways.

Over time, Büyükçelen’s plan is to enable local hosts throughout the city and province—as well as across Canada—to hold their own connection-making meals. If one host can help a dozen newcomers, an expanded network can start to have a significant impact.

“When I first came up with the idea for Supper Society,” she says, “I didn’t realize that there were so many other organizations helping immigrants through food, housing, jobs. Now I know that there are many of us, each making our own contribution. It’s another reason I am grateful for this experience—by helping people build community ties, I feel much more connected myself.”

Indeed, several other food-focused programs have been launched over the past years, responding to the many different needs of new arrivals. Some focus on skills development for eventual employment, others are more socially oriented. In either case, the effect is greater integration and belonging.

The family dinner table is where traditions are formed and reproduced, one meal at a time. The Supper Society gatherings do the same. Past participants often bring more recent newcomers along, extending the organization’s reach. In this way, home is re-established, traditions are re-made, and the Montreal ‘family’ grows more diverse, more resilient, and much more delicious.

More information is available at suppersociety.org.

David Szanto, PhD

David Szanto est un chercheur alimentaire montréalais, auteur et collaborateur de longue date de ce magazine. En 2015, il a obtenu un doctorat en gastronomie à l’Université de Concordia, le tout premier en son genre. 

David Szanto is a Montreal-based food researcher, consultant and long-time contributor to this magazine. In 2015, he earned a PhD in gastronomy from Concordia University, the first of its kind. 

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