Guy Lafleur
Le coeur du hockey à Montréal
« Appelez votre femme, vous ne sortirez pas d’ici », déclara le Dr Benoît Coutu.
C’est à ce moment que Guy Lafleur a compris que quelque chose n’allait pas. « Je savais que c’était vraiment grave. Je ne savais pas ce que c’était, mais je savais que c’était grave », se rappelle Lafleur des moments qui ont suivi un examen matinal au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) avec le Dr Coutu, son cardiologue et ami de longue date qu’il a rencontré lors d’un voyage de pêche il y a plusieurs années.
Le bien-aimé numéro 10 aura besoin d’un quadruple pontage au coeur, et le travail ardu était sur le point de commencer.
Lafleur, qui a grandi dans la petite ville de Thurso, au Québec, dans les années 1950 et 1960, n’est pas étranger au travail assidu et aux sacrifices. « Quand j’avais neuf ou 10 ans, je courais 10 miles par jour. Je travaillais sur les chemins de fer avec mon grand-père. J’ai travaillé dans une ferme pendant cinq ans et je gagnais cinq dollars par semaine », se rappelle Lafleur. « Je ne le faisais pas pour l’argent. Je le faisais pour me mettre en forme et mettre les chances de mon côté, sans savoir que je réussirais. »
Et il a bien réussi. Cette forte détermination l’a éventuellement mené jusqu’à la LNH, où son coup de patin fluide et son style électrisant ont tenu les partisans des Canadiens de Montréal en haleine année après année. En cours de route, l’homme connu affectueusement comme « la fleur » et le « démon blond » a amassé cinq bagues de la Coupe Stanley et une place incontestée au Temple de la renommée du hockey comme meilleur pointeur de l’histoire de la franchise la plus glorieuse du hockey avec 518 buts et 728 assistances.
« Je ne regarde pas en arrière. Les records n’étaient pas vraiment importants durant ma carrière. J’étais seulement passionné de jouer au hockey et j’essayais de faire de mon mieux pour gagner le plus de parties possible avec mon équipe », disait Lafleur.
Toutefois, son légendaire but égaliseur en séries contre Boston en 1979 nous revient toujours en tête. Le point est survenu lors d’un jeu de puissance dans les derniers moments de la troisième période, alors que les Bruins étaient pénalisés d’avoir mis un joueur de trop sur la glace. « Même Don Cherry s’en souvient », s’exclame Lafleur. L’équipe remporta la 7e partie en prolongation pour ensuite battre les Rangers de New York en finale de la Coupe Stanley.
À ce moment-là, toute une génération de jeunes partisans de hockey était fébrile de rentrer à la maison pour prendre un bâton Sher-Wood et courir dehors pour rencontrer des amis dans la neige et les températures sous zéro… et prétendre d’être Guy. Lafleur est l’image même d’une légende, mais même les idoles ont des idoles. « J’étais Jean Béliveau, j’étais Rocket Richard, j’étais Gordie Howe et Bobby Hull », dit-il du temps où il jouait dans la rue.
Ces pionniers ont ouvert le chemin pour les joueurs comme Lafleur, surtout ceux qui oeuvraient au sein de l’organisation des Canadiens et qui comprenaient véritablement l’importance d’être proche de ses partisans. C’est pourquoi Lafleur est si fier de son rôle d’ambassadeur des Canadiens de Montréal, maintenant que sa carrière de joueur est derrière lui.
« Ça nous permet de demeurer présents dans la tête des gens et ça donne l’opportunité de participer à une foule d’événements et de redonner à la communauté. Quand vous jouez, vous ne réalisez pas l’impact que vous avez sur les partisans », disait Lafleur.
Un bon exemple de cet impact est survenu lors d’un banquet tenu à Cap Breton, Nouvelle-Écosse, en septembre dernier. Un admirateur a approché Lafleur et lui a tendu fièrement une pince à cravate gravée d’un avion. Lorsqu’il lui a demandé ce que ça représentait, l’homme a raconté que le légendaire Doug Harvey lui avait donné lorsqu’il était jeune. Il savait que la fête de Lafleur approchait et il voulait la lui offrir. « Je vais la garder le reste de ma vie », affirme Lafleur.
L’engagement de Lafleur envers la Fondation des Canadiens pour l’enfance est un autre exemple de sa philosophie qui met de l’avant la communauté. « J’aime vraiment la Fondation, car elle vient en aide à toute sorte d’enfants aux quatre coins du Québec », explique Lafleur. Depuis sa création en 2000, la Fondation a donné plus de 30 millions de dollars à plus de 800 initiatives de bienfaisance pour les enfants défavorisés.
Comme si ce n’était pas suffisant, Lafleur continue de redonner à la communauté grâce au prestigieux « Prix d’excellence Guy Lafleur », une bourse remise annuellement à un joueur universitaire qui combine un fort jeu sur la glace et de bons résultats scolaires. « Je crois que les jeunes réalisent de plus en plus que sans éducation, ce sera beaucoup plus difficile pour eux », expliquait Lafleur, qui est ravi de voir qu’il y a plus de soutien et de sensibilisation à l’éducation que lorsqu’il était jeune.
Même dans ses rêves les plus fous, le jeune garçon de Thurso ne pouvait pas imaginer ce que la vie allait lui réserver. Une illustre carrière remplie de buts et de gloire, suivie de l’opportunité de traverser une nation entière pour redonner au public adoré qui lui a tant donné.
Mais pour l’instant, il doit prendre une pause, sous l’ordonnance des médecins. C’est difficile à avaler pour quelqu’un qui a l’habitude d’être actif. « Vous voulez y allez à fond, puis soudainement, on vous dit que vous ne pouvez pas y aller du tout, jusqu’à ce qu’on vous dise que c’est bon à nouveau », disait Lafleur, impatient de voir sa vie prendre son envol à nouveau.
Au cours des années 1990, Lafleur a découvert une autre passion : piloter des hélicoptères. Il n’aurait jamais pensé qu’un examen médical de routine pour renouveler son permis révélerait le besoin urgent d’avoir une opération à coeur ouvert. Et le voilà face au plus grand défi de sa vie.
Malgré la gravité de la situation, le grand joueur est demeuré positif, gardant cet esprit de combat qui l’a mené si loin. « Je ne m’inquiétais pas. Avec la technologie, la médecine que nous avons aujourd’hui, ce n’est pas comme il y a 40 ans. Il y a 40 ans, je serais mort », dit-il, l’air de rien.
L’opération fut un succès. Lorsqu’on lui a demandé s’il se souvenait des visages qu’il a vus lorsqu’il a ouvert les yeux dans la salle de réveil, Lafleur a répondu, « Ma femme et mon fils », d’une voix tremblante.
Ce fut certes un moment épuisant pour Lafleur, mais la visite de vieux amis comme Réjean Houle, Yvan Cournoyer et Pierre Bouchard a valu de l’or. Les médecins ont pris soin de l’informer de l’amour et du soutien de ses partisans. « J’apprécie vraiment. Ça vous donne un boost de voir que les gens se préoccupent de vous », racontait Lafleur.
Lafleur sera éternellement reconnaissant envers les docteurs Simon Malthais et Nicolas Noiseux et toute l’équipe médicale au CHUM, car ils lui ont donné une deuxième chance à la vie, une vie qu’il veut préserver à tout prix. « Plus de cigarettes pour moi. C’est fini. C’est la fin. La vie est trop courte », disait Lafleur d’une voix adoucie.
« Ça s’améliore chaque jour », dit-il. « Je trouve ça un peu lent, mais les médecins ont dit que ça prendrait du temps. »
Il devrait se rétablir complètement après quelques mois de convalescence, mais en attendant, Lafleur peut encourager ses joueurs favoris comme Carey Price, Shea Weber, Jonathan Drouin et Brendan Gallagher. « J’aime Gallagher, il a le coeur gros comme le Centre Bell », dit-il.
Si quelqu’un s’y connaît en matière de coeur, c’est Guy Lafleur.
The heartbeat of hockey in Montreal
“Phone your wife, you’re not getting out of here,” said Dr. Benoît Coutu.
That’s exactly when Guy Lafleur knew something was terribly wrong. “I knew that it was really, really bad. I didn't know what it was, but I knew it was bad,” recounted Lafleur of the moments following an early-morning exam at the Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) with Coutu, his cardiologist and longtime friend, who he met on a fishing trip many years ago.
Montreal’s most beloved #10 would need quadruple-bypass heart surgery and the hard work was about to begin.
Growing up in the tiny town of Thurso, Quebec in the 1950s and 60s, Lafleur was never a stranger to hard work or sacrifice. “When I was nine or 10 years old, I was jogging 10 miles a day. I was working on the railroad track with my grandfather. I worked on a farm for five years, making five bucks a week,” Lafleur reminisced. “I didn’t do it for the money. I was doing it just to get in shape and put some of the chances on my side, without knowing that I would succeed.”
Succeed he did. That fierce determination eventually carried him to the NHL, where his smooth skating and electrifying style brought Montreal Canadiens fans to the edge of their seats year after year. Along the way, the man more affectionately known as “The Flower” and “Le Démon Blond” collected five Stanley Cup rings and an undisputed spot in the Hockey Hall of Fame as the all-time points leader for hockey’s most-storied franchise with 518 goals and 728 assists.
“I don’t look back. All the records were not really important for me in my career. I was just passionate about playing hockey and tried to do my best to win as many games as possible with my team,” said Lafleur.
Although, his legendary game-tying playoff goal against Boston in 1979 still stands out in his mind. The tally came on the power play in the dying moments of the third period after the Bruins were called for too many men on the ice. “Even Don Cherry remembers it,” chuckled Lafleur, whose club went on to win that Game 7 in overtime and eventually defeat the New York Rangers in the Stanley Cup final.
Back then, an entire generation of young hockey fans couldn’t wait to get home from school, grab their whittled down Sher-Woods, run outside to meet their friends in driving snow and sub-zero temperatures… and pretend to be Guy. Lafleur is the stuff legends are made of, but even idols have idols. “I was Jean Beliveau, I was Rocket Richard, I was Gordie Howe and Bobby Hull,” Lafleur recalled of his own street hockey days.
Those pioneers traced a path for players like Lafleur, especially those within the Habs organization who truly understood the importance of being close to the fanbase. That’s why Lafleur takes such pride in his role as a Montreal Canadiens Ambassador now that his playing days are behind him.
“It keeps us alive in peoples’ minds and it gives us an opportunity to do all kinds of events and give back. When you play, you don’t realize the impact you have on the fans,” said Lafleur.
One shining example of that impact was felt at a banquet this past September in Cape Breton, Nova Scotia. A fan approached Lafleur and proudly handed him a tie bar with the image of an airplane on it. When asked what it represented, the fan explained that it was given to him as a young boy by the legendary Doug Harvey. The man knew that Lafleur’s birthday was coming up and wanted him to have it. “I’m going to keep that for the rest of my life,” recounted Lafleur.
Lafleur’s dedicated involvement with the Montreal Canadiens Children’s Foundation is but another example of his community-first philosophy. “I really like the Foundation because they’re helping out all kinds of kids across the province of Quebec,” said Lafleur. Since its inception in 2000, the Foundation has donated more than $30 million to more than 800 charitable endeavors throughout the province for the well-being of underprivileged children.
As if that isn’t enough, Lafleur continues to give back with the prestigious “Guy Lafleur Award of Excellence”, a scholarship given out annually to a university player that combines strong on-ice play with academic performance. “I think kids are realizing more and more that if they don’t have any education, it's going to be a lot tougher for them,” said Lafleur, who’s delighted that there are more educational support tools and awareness compared to when he was growing up.
Even in his wildest dreams, that little boy from Thurso probably never envisioned what life would eventually have in store for him. An illustrious career filled with goals and glory, followed by the opportunity to criss-cross an entire nation in an effort to give back to the adoring public that has given him so much.
For now, though, that’s all on hold. Doctor’s orders. That’s a tough pill to swallow for someone who’s used to constantly being on the move. “You want to go, go, go and then suddenly you’re told you can’t go at all, until we tell you that it’s OK again,” said Lafleur, anxious for his life to once again take flight.
Since the mid-90s, Lafleur’s true passion has been flying helicopters. Never did he imagine that a routine medical for his license eligibility would be what revealed the sudden need for open-heart surgery. Yet there he was, facing the biggest challenge of his life.
Despite the gravity of the situation, the Hall of Famer remained positive, staying true to the fighting spirit that got him this far. “I was not worried. With the technology, the medicine we have today, it’s not like 40 years ago. 40 years ago you would be dead,” said Lafleur, rather matter-of-factly.
The surgery was a success. When asked if he remembered the faces he saw when he first opened his eyes in the recovery room, Lafleur responded, “My wife and my son,” with a noticeable quiver to his already weakened voice.
It was an admittedly exhausting stretch for Lafleur, but visits from old friends like Réjean Houle, Yvan Cournoyer and Pierre Bouchard meant the world to him. The doctors also made sure to tell him about the outpouring of love and support from the fans. “I really appreciate that. It’s something that gives you a boost, to see that people care,” said Lafleur.
Speaking of care, Lafleur remains eternally grateful to Dr. Simon Malthais, Dr. Nicolas Noiseux and the entire medical staff at the CHUM for giving him a second lease on life, a life that he’s prepared to preserve at all costs. “No more smoking for me. That’s it. That’s the end of it. Life is too short,” said Lafleur, his voice trailing off.
“I’m getting better every day,” said Lafleur. “I find it kind of slow, but the doctors said it’s going to take time.”
Expected to make a full recovery after several months of convalescence, Lafleur can at least pass the time cheering on some of his current-day favourites like Carey Price, Shea Weber, Jonathan Drouin and Brendan Gallagher. “I like Gallagher, he has a heart the size of the Bell Centre,” said Lafleur.
If anyone knows heart, it’s Guy Lafleur.