Marc Garneau
L’espace continue d’inspirer ses contributions sur Terre
Près de 40 ans se sont écoulés depuis que Marc Garneau est devenu le premier astronaute canadien à s’élever dans le ciel.
Aujourd’hui encore, il s’agit d’une expérience « aussi intense et puissante que lorsque je suis allé dans l’espace », dit-il, et elle n’a jamais cessé de l’inspirer. « On ne perd jamais vraiment la magie, l’émerveillement, de cette expérience. »
Voir notre planète dans sa totalité, comme un point dans l’immensité de l’espace et l’infinité des étoiles, c’est acquérir une perspective cosmique sur les défis rencontrés, et posés, par l’humanité.
« La vue de la Terre vous fait penser différemment à la vie elle-même », raconte M. Garneau, qui a effectué trois missions, la première en 1984, la seconde en 1996 et la dernière en 2000, enregistrant plus de 677 heures en orbite. « On commence à penser à l’échelle mondiale, pas seulement locale. On se rend compte que les huit milliards d’habitants que nous sommes doivent partager cette planète. Il n’y a nulle part ailleurs où aller, et cela signifie que nous devons nous entendre les uns avec les autres et résoudre les problèmes que nous avons en commun, comme le changement climatique. »
En faisant le tour du globe toutes les quatre-vingt-dix minutes, il devient évident que nous vivons en étroite proximité les uns des autres et que les problèmes qui surgissent dans une partie du monde sont forcément susceptibles d’affecter les autres. Ce n’est pas une mauvaise perspective à apporter au Parlement pour un politicien.
Élu pour la première fois à la Chambre des communes en 2008, M. Garneau continue de représenter la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce—Westmount. Il a siégé pendant plusieurs années dans l’opposition, où il était le porte-parole libéral pour un certain nombre de portefeuilles clés, notamment l’industrie, les ressources naturelles, les affaires étrangères et le commerce international. Puis, comme membre du parti au pouvoir, il a fait partie du Cabinet en tant que ministre des Transports (2015-2021) et ministre des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (2021).
« Servir mon pays a été très gratifiant, dit-il, En tant qu’officier de la marine, puis dans l’espace, et maintenant en tant qu’homme politique. L’opposition a été un terrain d’entraînement lorsque j’ai été élu pour la première fois. À ce poste, j’ai trouvé important de critiquer quand j’estimais que le gouvernement faisait quelque chose de mal, mais aussi de reconnaître quand ses actions avaient du sens. Cela atténue les querelles et augmente votre crédibilité. Au gouvernement, j’ai tiré une grande satisfaction de la possibilité de façonner la politique. »
Il s’inquiète toutefois de l’état de la démocratie aujourd’hui. « Il n’est pas intuitif pour les gens d’être démocratiques les uns envers les autres. Nous devons constamment y travailler. Je pense que le Canada, même s’il est loin d’être parfait, est un exemple d’un bon travail de maintien des institutions démocratiques. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes admirés dans le monde entier. »
Il fait valoir que le rôle traditionnel du Canada en tant que puissance moyenne reste pertinent aujourd’hui. Nous pouvons donner l’exemple par notre pratique de la démocratie et notre soutien aux droits de l’homme. Il y a encore des occasions pour le Canada de servir de défenseur positif, comme il l’a fait, par exemple, lorsqu’il a joué un rôle de premier plan dans l’isolement mondial du régime d’apartheid de l’Afrique du Sud.
Parmi ses responsabilités, M. Garneau est actuellement coprésident du Comité parlementaire sur l’aide médicale à mourir, qui examine la législation existante pour déterminer si elle doit être révisée. Le Comité entend un large éventail de positions, allant du rejet absolu de toute intervention médicale à une acceptation très large dans la plupart des circonstances avec un consentement approprié.
« Cela me procure une grande satisfaction personnelle, même s’il s’agit d’une question difficile, car elle peut toucher tous les Canadiens », explique-t-il.
Le fait que la société canadienne ait évolué sur ce sujet démontre que la loi peut évoluer en fonction de l’évolution des normes. C’est maintenant au point que la plupart des gens pensent qu’il est possible de donner aux personnes la possibilité de s’exprimer sur leur propre mort.
« C’est un domaine où la loi s’adapte pour refléter les changements importants dans notre façon de voir la vie », explique-t-il. Comme le Comité continue de se réunir, il s’abstient de révéler sa propre opinion, mais il concède que sa pensée sur le sujet a évolué avec l’âge. « J’ai maintenant 73 ans. J’ai la chance d’être en bonne santé, mais je suis conscient du fait que je suis plus proche de la sortie que de l’entrée. »
L’activité et l’attitude sont les éléments clés pour bien vieillir, suggère-t-il.
Sur le plan physique, il est un marcheur et un cycliste passionné, ce qui lui donne l’endurance nécessaire pour accomplir les tâches exigeantes d’un député. Et il attribue à sa vie professionnelle le mérite de le garder mentalement actif et intellectuellement stimulé.
« Je suis actif depuis mon plus jeune âge. La discipline que j’ai apprise dans la marine et l’obligation de rester en forme en permanence en tant qu’astronaute m’aident à conserver un mode de vie sain aujourd’hui. Lorsque vous l’avez fait pendant la majeure partie de votre vie, il est plus facile de continuer à le faire en vieillissant. »
Quant à l’attitude, il a déclaré : « Je suis un optimiste. Vous ne pouvez pas vivre votre vie, et l’apprécier, si vous n’êtes pas optimiste. »
Une source d’optimisme se trouve dans l’espace, qui, selon lui, représente un domaine où les humains peuvent trouver les moyens de coopérer pour le bien commun. Il cite l’exemple actuel où Russes et Américains servent et collaborent harmonieusement sur la Station spatiale internationale (SSI), malgré la guerre qui se déroule en Ukraine.
« Depuis plus de 20 ans, nous avons réussi à coopérer sur la SSI parce que nos efforts dans l’espace ont, d’une certaine manière, transcendé les questions qui nous préoccupent sur Terre, dit-il. Reste à savoir si nous continuerons à le faire, mais je pense qu’il est logique qu’un jour, lorsque nous irons sur Mars — comme je l’espère —, nous le ferons au niveau international et que nous apporterons tous nos propres forces à cette initiative très complexe. »
Il y a environ 10 ans, M. Garneau a commencé à prendre des notes sur sa vie mouvementée.
« J’ai décidé que je devais commencer à noter un peu les grandes lignes avant que les choses ne deviennent trop floues, dit-il, et j’ai commencé à étoffer le tout récemment. J’ai énormément apprécié cette expérience, car elle m’a obligé à être discipliné dans le récit des événements. J’ai également apprécié le processus d’écriture et le fait d’essayer de donner vie à la page. »
Il prévoit de prendre une année supplémentaire pour réviser et affiner le récit.
« Je l’ai écrit pour mes enfants et ma famille, dit-il, et son lancement dans la sphère publique dépendra de l’intérêt qu’il suscitera. Mais si ce n’est pas le cas, ce sera toujours aussi satisfaisant. Et j’ai appris des choses sur moi-même en cours de route. Je pense que, dans le passé, j’ai peut-être fait abstraction de certains de mes défauts, et ce processus m’a permis d’être vraiment honnête avec moi-même. Je voulais que ce soit précis, et pour y parvenir, il faut être brutalement honnête. »
Space continues to inspire his contributions on Earth
Nearly 40 years have gone by since Marc Garneau became Canada’s first astronaut to soar into the heavens.
To this day, it remains “as intense and powerful an experience as when I went into space,” he says, and has never ceased to inspire him. “You don’t ever really lose the magic, the wonder, of it.”
To see our planet in its entirety, as but one point in the immensity of space and infinity of stars is to gain a cosmic perspective on the challenges faced, and posed, by humanity.
“The view of Earth gets you thinking differently about life itself,” said Mr. Garneau, who completed three missions, first in 1984, again in 1996, and most recently in 2000, logging more than 677 hours in orbit. “One starts to think on a global scale, not just locally. You see that all eight billion of us have to share this planet. There’s nowhere else to go and that means we have to get along with one another and resolve the problems we share in common, such as climate change.”
Circling the globe every ninety minutes, it becomes apparent that we live in close proximity to one another and that problems arising in one part of the world can’t help but affect others. It’s not a bad perspective for a politician to bring into Parliament.
First elected to the House of Commons in 2008, Mr. Garneau continues to represent the riding of Notre-Dame-de-Grâce—Westmount. He sat for several years in opposition, where he was the Liberal critic on a number of key portfolios, including industry, natural resources, and foreign affairs and international trade. Then, as a member of the governing party, he served in Cabinet as Minister of Transport (2015-2021) and Minister of Foreign Affairs, Trade and Development (2021).
“Serving my country has been very rewarding,” he says. “As a naval officer, then in space, and now as a politician. The opposition was a training ground when I was initially elected. In that position, I found it important to criticize when I felt the government did something wrong, but also to acknowledge when their actions made sense. It lessens the bickering and increases your credibility. In government, I’ve derived great satisfaction from the opportunity to shape policy.”
He does express concern for the state of democracy today. “It is not intuitive for people to be democratic with each other. We have to constantly work at it. I think Canada, while by no means perfect, is an example of doing a good job at maintaining democratic institutions. I think it’s one of the reasons we’re admired around the world.”
He says that Canada’s traditional role as a middle power continues to be relevant today. We can set an example by our practice of democracy and our support for human rights. There are still occasions for Canada to serve as a positive advocate as it did, for example, when it played a leading role in the world’s isolation of South Africa’s apartheid regime.
Among his responsibilities, Mr. Garneau is currently co-chair of the Parliamentary Committee on Medical Assistance in Dying, which is reviewing existing legislation to determine whether it is in need of revision. The Committee is hearing a wide range of positions, from absolute rejection of any medical intervention to a very broad acceptance in most circumstances with appropriate consent.
“It gives me a great deal of personal satisfaction, even though it’s a difficult issue, because it’s one that could potentially affect every single Canadian,” he said.
That Canadian society has evolved with respect to the subject shows how the law can evolve in response to changing norms. It is now at the point where most people believe there is at least some room for giving people a voice in their own demise.
“This is an area where we are seeing the law being adjusted to reflect significant changes to how we view life,” he said. Because the Committee continues to meet, he is scrupulous about not revealing his own opinion, but he does concede that his thinking on the subject has changed with aging. “I’m 73 now. I’m fortunate to have good health, but I’m conscious of the fact that I’m closer to the back door than the front.”
Activity and attitude are the keys to healthy aging, he suggests.
On the physical side, he is an avid walker and cyclist, which he credits for giving him the stamina to perform the demanding duties of an MP. And he credits his work life with keeping him mentally active and intellectually stimulated.
“I’ve been active since my early years. The discipline I learned in the Navy and the requirement to stay very fit all the time as an astronaut contribute to keeping up with a healthy lifestyle today. When you’ve done that for the better part of your life, it’s easier to keep doing it as you age.”
As for attitude, he says, “I am an optimist. You can’t live your life, and enjoy it, if you’re not an optimist.”
One source of optimism is to be found in space, which, he suggests, represents a domain where humans can find the means to cooperate for the common good. He cites the current example where Russians and Americans are serving and collaborating harmoniously on the International Space Station (ISS) notwithstanding the bitter warfare taking place in Ukraine.
“For the past 20-plus years, we have managed to cooperate on the ISS because our efforts in space have, in a way, transcended the issues that preoccupy us on Earth,” he says. “Whether we continue to do so remains to be seen, but I think it makes sense that, one day, when we go to Mars — as I hope we will — we will do so internationally and all bring our own strengths to that very complex endeavour.”
About 10 years ago, Mr. Garneau began taking notes about his eventful life.
“I decided I should begin to record a bit of an outline before things get too fuzzy,” he says. “I began to flesh it out more recently. I have tremendously enjoyed the experience because it’s forced me to be disciplined about recounting events. I’ve also enjoyed the writing process and trying to make the page come alive.”
He plans on taking another year to revise and refine the narrative.
“I wrote it for my children and my family,” he says. “Whether it goes into the public arena will depend on if there is wider interest. But, if not, it has still been just as satisfying. And I’ve learned things about myself along the way. I think that, in the past, I may have glossed over some of my faults, and this has been a process about being really honest with myself. I wanted it to be accurate, and to achieve that, one has to be brutally honest.”