Kamala Harris

PHOTO: THE WHITE HOUSE

De Westmount à Washington

En 1969, le premier ministre Pierre Elliot Trudeau se rend à Washington pour rencontrer le président Richard Nixon. M. Trudeau a défini les relations entre le Canada et les États-Unis de la manière suivante : « C’est comme dormir avec un éléphant. Même si l’animal est amical et de bonne humeur, on est affecté par chacun de ses mouvements et de ses grognements. »

L’élection américaine récente a provoqué un véritable frémissement au nord du 49e parallèle. De nombreux Canadiens ont tremblé à l’idée de voir Donald Trump chevaucher le proverbial pachyderme pendant quatre années supplémentaires. 

Une chose est sûre, de nombreux Montréalais retenaient leur souffle, espérant que Kamala Harris, une femme que nous avons adoptée comme la nôtre, devienne la première femme présidente de l’histoire des États-Unis. Et non seulement la première femme présidente, mais aussi une femme d’origine sud-asiatique et afro-américaine. 

L’époque lointaine de Westmount

Kamala Harris évoque rarement la période où elle était élève à Westmount High School. Elle n’a vécu que cinq ans à Montréal et est retournée aux États-Unis après avoir obtenu son diplôme en 1981. Elle a fréquenté l’université Howard à Washington, DC, puis a étudié le droit à l’université de Californie, pour devenir procureure et, plus tard, être élue procureure générale de Californie, sénatrice des États-Unis et, enfin, vice-présidente. 

Ses années montréalaises sont à peine mentionnées dans ses mémoires. Elle a régulièrement refusé les demandes d’entrevue à ce sujet. Qui peut lui en vouloir? Lors d’une campagne électorale, chaque mot est déformé, monté contre un candidat. « Kamala Harris a grandi au Canada », a déclaré JD Vance, le colistier de Trump. L’implication était que ce « côté canadien » entachait d’une manière ou d’une autre son identité américaine. 

La santé à cœur

C’est peut-être ce séjour au Canada qui a fait de sa préoccupation pour les soins de santé universels un élément naturel de son ADN. C’est peut-être sa mère, Shyamala Gopalan Harris, chercheuse médicale spécialisée dans le cancer du sein, qui a passé 16 ans à l’Université McGill, basée à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif. C’est au cours de son séjour à l’Institut Lady Davis que la Dre Gopalan Harris a mis au point une méthode d’évaluation des tissus mammaires cancéreux qui est devenue une procédure standard à l’Hôpital général juif et dans d’autres hôpitaux.

Lors d’une entrevue qu’elle avait menée avec la Dre Gopalan Harris alors qu’elle couvrait la campagne de Kamala Harris pour sa réélection au poste de procureure générale de Californie en 2007, Nina Martin a écrit dans Mother Jones : « Si je voulais savoir ce qui motivait Kamala Harris, je pouvais le voir dans cette femme formidable — la même intelligence perçante, le même rire facile, le même regard féroce. » 

Menant ses recherches tout en élevant ses deux filles en tant que mère célibataire, elle les emmenait avec elle au laboratoire le week-end plutôt que de payer des services de garde quand elles étaient jeunes. « Et quand elles arrivaient, je les obligeais à faire quelque chose », dit-elle fièrement, comme l’aider dans ses expériences ou étiqueter des tubes à essai. Kamala Harris a beaucoup insisté sur le fait que l’éthique de travail, le bon sens, le pragmatisme et le dévouement envers l’innovation de sa mère ont guidé son propre parcours professionnel.

En tant que candidate à la présidence, Mme Harris s’est engagée à rétablir le droit des femmes à choisir, à la suite de la décision de la Cour suprême d’abroger la loi qui avait légalisé l’avortement (connue sous le nom de Roe c. Wade). Elle s’est engagée à faire des soins de santé abordables un droit, et non un privilège, en élargissant et en renforçant la loi sur les soins abordables (Affordable Care Act). 

Mme Harris a promis de réduire le coût des médicaments sur ordonnance qui sauvent des vies pour les bénéficiaires de Medicare et d’accélérer les négociations avec les sociétés pharmaceutiques afin de couvrir davantage de médicaments et de réduire les prix pour les consommateurs. Sa campagne a dévoilé un plan qui proposait, pour la première fois, d’étendre la couverture de Medicare aux services de soins à domicile pour les personnes âgées. Elle a également proposé d’étendre la couverture de Medicare aux examens ophtalmologiques, aux nouvelles lunettes et lentilles ainsi qu’aux examens auditifs et aux prothèses auditives pour les personnes âgées. 

Protectrice et pourvoyeuse

Parmi les amis les plus proches de Kamala Harris pendant son temps à Montréal, il y avait Wanda Kagan. Mme Kagan travaille actuellement comme agente administrative à la direction des affaires académiques du CIUSSS de l’Ouest et du Centre de Montréal. « Kamala a toujours été très attentionnée », a-t-elle déclaré à Catherine Hong de Oprah Daily à propos de leurs débuts à l’école secondaire de Westmount. «  Ma famille n’avait pas beaucoup d’argent et elle a remarqué que souvent je n’apportais pas mon lunch à l’école. Sans en faire toute une histoire, elle partageait son propre repas avec moi presque tous les jours. »

Dès l’école secondaire, la jeune Kamala a pris position pour ceux qui étaient moins chanceux. « À l’époque, si vous n’aviez pas de cavalier, vous n’alliez pas au bal de fin d’année. Mais Kamala était déterminée à rompre cette tradition pour que les filles qui n’avaient pas de cavalier puissent elles aussi y aller », raconte Mme Kagan. « Nous y sommes allées en groupe, et ce fut l’une des meilleures soirées du secondaire. »

Les choses ont pris une tournure sombre lorsque Mme Kagan a révélé à son amie qu’elle était victime d’abus sexuels de la part de son beau-père. Sur l’insistance de Kamala, elle a emménagé chez les Harris jusqu’à ce que sa situation change. Lors de sa candidature à la vice-présidence en 2020, Kamala Harris a révélé que cet incident avait inspiré son choix de carrière. « Une grande partie de la raison pour laquelle je voulais être procureure était de protéger les gens comme elle », a-t-elle déclaré.

« Je n’avais aucune idée de l’impact que j’avais eu sur sa vie », a déclaré Mme Kagan au JGH News. Le New York Times a suggéré que Mme Harris avait été influencée par le fait d’avoir grandi dans « un pays humaniste doté d’un système de santé universel et où les conflits raciaux sont moins nombreux qu’aux États-Unis. »

Quatre ans de plus!

Lorsqu’il est devenu évident que Donald Trump et son parti républicain avaient remporté l’élection, Mme Kagan a déclaré à La Presse, lors d’une entrevue téléphonique, qu’elle était « en état de choc » et « très émotive ». 

« Pour moi, c’était tout simplement un jour triste pour les femmes, et en particulier pour les femmes noires », a-t-elle déclaré au journal. Au moins, dans son enfance, elle a pu s’inspirer de modèles forts. « Je me souviens d’avoir été émerveillée par la mère de Kamala », a déclaré Mme Kagan. « Je ne savais pas qu’elle était une scientifique de renommée mondiale, une chercheuse médicale d’élite. Je me souviens simplement avoir été inspirée par cette femme brillante et forte. Sa fille l’était aussi. Elles respiraient toutes deux la confiance, la puissance et la force, ce qui a déteint sur moi. » 

Aujourd’hui, alors que la poussière d’une élection âprement disputée retombe, Kamala Harris a 60 ans. Sa carrière politique n’est pas nécessairement terminée. Que ce soit en tant qu’avocate, candidate ou dans une autre fonction, elle aura sans aucun doute de nouvelles occasions de contribuer aux questions de politique publique. 

Quant à sa vieille amie, elle n’est pas convaincue que la future
ex-vice-présidente a dit son dernier mot. « Un monde de possibilités s’offre à elle », a déclaré Mme Kagan dans La Presse. « Je lui prédis un brillant avenir, quel que soit le chemin qu’elle décide de prendre. Mais je crois qu’elle se battra toujours pour les gens. C’est ce qu’elle a toujours fait. Elle s’est toujours battue pour les gens, alors je ne pense pas que cette passion et cette compassion disparaîtront. »  

From Westmount to Washington

In 1969, Prime Minister Pierre Elliot Trudeau travelled to Washington to meet with President Richard Nixon. Mr. Trudeau defined relations between Canada and the U.S. this way: “[It’s] like sleeping with an elephant. No matter how friendly and even-tempered the beast… one is affected by every twitch and grunt.”

The recent U.S. election caused a bit more than a “twitch” north of the 49th parallel. Many Canadians trembled at the thought of another four years of Donald Trump riding that proverbial pachyderm. 

One thing for sure, many Montrealers were holding their breath, hoping Kamala Harris, a woman we adopted as our own, would become the first woman president in America’s history. And not only the first woman president, but one of South Asian and African American heritage. 

Not-so-wild Westmount days

Kamala Harris rarely discusses her time as a student at Westmount High School. She only lived in Montreal for five years, returning to the U.S. after graduation in 1981. She attended Howard University in Washington, DC, after which she went to law school at the University of California, becoming a prosecutor and, later, elected Attorney General of California, a United States Senator, and, ultimately, Vice President. 

Her Montreal years are barely mentioned in her memoir. She routinely turned down requests from journalists seeking interviews on the subject. Who can blame her? Every word during an election campaign gets twisted, turned against a candidate. “Kamala Harris grew up in Canada,” said JD Vance, Trump’s running mate. The implication was that this “Canadian-ness” somehow tainted her American identity. 

Healthcare in her heart

Perhaps it was that stint in Canada that made her concern for universal healthcare a natural part of her DNA. Maybe it was her mother, Shyamala Gopalan Harris, who was a medical researcher specializing in breast cancer and spent 16 years at McGill University, based at the Lady Davis Institute (LDI) at the Jewish General Hospital (JGH). It was during Dr. Gopalan Harris’s time at the LDI that she developed a method for assessing cancerous breast tissue that became standard procedure at the JGH and other hospitals.

Recounting an interview she had conducted with Dr. Gopalan Harris while covering Kamala Harris’ campaign for reelection as California’s Attorney General in 2007, Nina Martin wrote in Mother Jones, “If I wanted to know what made Kamala Harris tick, I could see it in this formidable woman — the same piercing intelligence, the same easy laughter, the same withering side-eye.” 

Conducting her research while raising two daughters as a single mother, she would drag her children with her to the lab on weekends rather than paying for babysitters when they were young. “And when they got there, I would make them do something,” she said proudly, such as helping her with experiments or labeling test tubes. Kamala Harris has been very vocal about how her mother’s work ethic, common sense, pragmatism, and dedication to blazing trails has guided her own groundbreaking career path.

As candidate for president, Harris vowed to restore a woman’s right to choose, following the Supreme Court’s decision to rescind the law that had legalized abortion (known as Roe v Wade). She pledged to make affordable healthcare a right, not a privilege by expanding and strengthening the Affordable Care Act. 

Harris committed to reducing the cost of lifesaving prescription drugs for Medicare beneficiaries and promised to accelerate negotiations with pharmaceutical companies to cover more drugs and lower prices for consumers. Her campaign unveiled a plan that proposed, for the first time, to extend Medicare coverage for home care services to seniors. She also proposed extending Medicare to cover eye exams, new glasses and lenses as well as auditory exams and hearing aids for seniors. 

Protector and provider

Among Kamala Harris’s closest friends during her time in Montreal was Wanda Kagan. Ms. Kagan currently works as an administrative agent in the Academic Affairs Directorate of the CIUSSS West-Central Montreal. “Kamala was always so thoughtful,” she told Catherine Hong from Oprah Daily about their early days at Westmount High. “My family didn’t have much money, and she noticed that I often didn’t bring lunch to school. Without making a big deal out of it, she’d share her own packed lunch with me almost every day.”

Even in high school, young Kamala took a stand for those who were less fortunate. “At the time, if you didn’t have a date, you didn’t go to prom. But Kamala was determined to break that tradition so girls without dates could go, too,” says Ms. Kagan. “We went as a group, and it turned out to be one of the best nights of high school.”

Things took a dark turn when Ms. Kagan revealed to her friend that she was being sexually abused by her stepfather. At Kamala’s insistence, she moved into the Harris home until her living situation changed. While running for vice president in 2020, Harris revealed that this incident inspired her career path. “A big part of the reason I wanted to be a prosecutor was to protect people like her,” she said.

“I had no idea I had an impact on her life,” Ms. Kagan told the JGH News. The New York Times suggested Harris was influenced by coming of age in “a humanistic country with universal healthcare and less racial strife than the United States.”

Four more years!

When it was clear Donald Trump and his Republican party had won the election, Ms. Kagan told La Presse, in a phone interview, that she was “in shock” and “very emotional.” 

“For me, it was simply a sad day for women, and especially for black women,” she told the newspaper. At least she had strong role models to look up to growing up. “I remember being in awe of Kamala’s mother,” said Ms. Kagan. “I didn’t know she was a world-renowned scientist, an elite medical researcher. I simply remember being inspired by this brilliant, strong woman. So was her daughter. They both exuded confidence, power and strength, which rubbed off on me.”  

Today, as the dust of a hard-fought election settles, Kamala Harris is 60 years young. Her political career is not necessarily over. Whether as an advocate or candidate or in some other capacity, she will undoubtedly have more opportunities to contribute to issues of public policy. 

As for her old friend, she’s not convinced the soon-to-be former VP has had her last word. “A world of possibilities lies ahead of her,” said Ms. Kagan in La Presse. “I predict a bright future for her, whatever path she decides to take. But I believe she will always fight for people. That’s what she’s always done. She’s always fought for people, so I don’t think that passion and compassion will disappear.”  

Tod Hoffman

Tod Hoffman est un professionnel de la communication chevronné et un écrivain acclamé. Il est titulaire d'un baccalauréat et d'une maîtrise en sciences politiques de l'Université McGill.

Tod Hoffman is a seasoned communications professional and a critically-acclaimed writer. He holds Bachelor and Master of Arts degrees in political science from McGill University.

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