Les femmes et l'agriculture | Women in Farming

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Dans plusieurs régions du monde, il s’avère que les agricultrices affrontent plus de difficultés que leurs homologues masculins. Cela est généralement lié au sexisme systémique qui engendre notamment des difficultés d’accès au financement et à la terre, ce qui complique l’entrée et la vie dans le domaine de l’agriculture. Mais des problèmes plus profonds, comme l’accès à l’éducation, empêchent souvent les femmes de réaliser pleinement leur potentiel. De plus, lorsqu’il s’agit des réseaux qui permettent le transport et le commerce des produits agricoles, les agricultrices sont souvent exclues.

Au Québec, cependant, les écarts politiques et économiques entre les hommes et les femmes ont été réduits, en grande partie grâce à des attitudes sociales progressistes. Bien que l’égalité parfaite ne soit pas encore atteinte, certains signes suggèrent que l’avenir de l’agriculture québécoise possède une qualité féminine.

Stéphanie Wang fait partie de la nouvelle génération qui a décidé de se lancer en agriculture comme profession à plein temps. Née à Montréal, elle a suivi une formation et a travaillé, parfois bénévolement, dans le domaine de l’agriculture. Elle exploite aujourd’hui Le Rizen, une ferme près de Frelighsburg. « C’est peut-être un cliché, mais je pense que les femmes adoptent une approche plus sensible et raisonnée de l’agriculture », dit-elle. « Il faut y investir beaucoup de connaissances personnelles ainsi que des compétences et des ressources professionnelles, mais les retombées économiques ne sont pas très importantes. Alors, nos raisons de continuer doivent être liées à nos valeurs environnementales. »

Les chercheurs qui étudient le travail sont souvent d’accord avec ce genre d’interprétation, reconnaissant que les différents types de travail sont différemment « genrés ». En d’autres termes, les femmes réfléchissent souvent aux relations impliquées dans une tâche particulière, plutôt que d’adopter une approche axée sur la recherche de solutions. Bien que ce ne soit pas le cas pour chaque individu, c’est un modèle qui apparaît dans de nombreuses sociétés, en raison de la façon dont nous sommes élevés.

« J’ai entendu une théorie selon laquelle lorsque les hommes investissent dans un secteur donné, les conditions de travail et les salaires s’améliorent. Mais ce n’est pas le cas pour les femmes », poursuit Mme Wang. « C’est peut-être parce que les femmes investissent dans des entreprises en tenant moins compte de l’économie, mais en tout cas, nous choisissons aujourd’hui l’agriculture pour la vie qu’elle nous permet d’avoir, et les liens entre la nature et le rythme des saisons. En même temps, nous devons nous écouter les unes les autres et partager nos besoins et nos défis en matière d’agriculture. »

Ici, au Québec, les réseaux sociaux et professionnels des agricultrices contribuent à faire avancer les choses. La coopérative Le terroir solidaire et le comité consultatif des jeunes et des femmes de l’Union Nationale des Fermiers fournissent des ressources et encouragent la création de liens, tandis que des organismes comme Femmessor aident les femmes entrepreneurs en leur offrant des services de financement et de soutien. Ces efforts contribuent à contrer les résidus du sexisme systémique, tout en permettant de partager de nouvelles idées et de nouvelles conceptions de l’agriculture.

Pour sa part, Stéphanie Wang offre des conseils très concrets aux futures agricultrices : allez acquérir de l’expérience, passez plusieurs saisons sur différentes fermes, suivez une formation en agronomie et en gestion agricole, et profitez des nombreux programmes du MAPAQ. Et n’oubliez pas le côté personnel. Comme elle le dit, « il y a quelque chose de très poétique, fondamental et viscéral dans ce travail ».

In many parts of the world, evidence shows that female farmers face more hurdles than their male counterparts. This is generally related to systemic sexism, including challenges to acquiring financing and land, which make it harder to first enter agriculture and then make a living at it. But more ingrained issues, such as access to education, often limit women from achieving their full potential. Furthermore, when it comes to the networks that enable the transportation and trade of agricultural products, female farmers often get shut out.

Here in Quebec, however, the political and economic gaps between men and women have been reduced, largely due to progressive social attitudes. While perfect equality is yet to be realized, some signs suggest that the future of québécois agriculture has a decidedly female quality.

Stéphanie Wang is among the new generation who have decided to enter into farming as a full-time profession. Born in Montreal, and having trained, worked, and volunteered in agriculture, she now operates Le Rizen, a farm near Frelighsburg. “It may be cliché to say, but I think women take a more sensitive and reasoned approach to farming,” she says. “There’s a lot of personal knowledge you have to invest in it, as well as professional skills and resources. But there’s not a lot of economic payoff, so our reasons for continuing on have to be about environmental values and ideals.”

Researchers who study labour often agree with this kind of interpretation, recognizing that different kinds of work are differently “gendered.” In other words, women often think about the relationships that are involved in a particular task, rather than taking a more find-the-solution approach. While this is not true for every individual, it is a pattern that appears in many societies, because of the ways in which we are raised.

“I’ve heard a theory that when men invest in a given sector, working conditions and salaries improve. But it’s not the same for women,” Wang goes on to say. “Maybe that’s because women invest in businesses with less regard for economics, but in any case, we choose agriculture today because of the life it enables us to have, and the connections between nature and the rhythm of the seasons. At the same time, we need to listen to each other and share our needs and challenges when it comes to farming.”

Here in Quebec, social and professional networks among female farmers are helping to do just that. The cooperative Le terroir solidaire and the youth and women’s committee of the National Farmers Union provide resources and connection-making encouragement, while organizations like Femmessor help female entrepreneurs with financing services and support. Such efforts can help counter the residues of systemic sexism while also sharing new ideas and new understandings of farming.

For her part, Stéphanie Wang offers some very tangible advice to prospective farmers: go get some experience, spend multiple seasons on different farms, get some training in agronomy and farm management, and take advantage of MAPAQ’s many programs. Just don’t forget the personal, too. As she says, “there is something very poetic, fundamental, and visceral in this work.”

David Szanto, PhD

David Szanto est un chercheur alimentaire montréalais, auteur et collaborateur de longue date de ce magazine. En 2015, il a obtenu un doctorat en gastronomie à l’Université de Concordia, le tout premier en son genre. 

David Szanto is a Montreal-based food researcher, consultant and long-time contributor to this magazine. In 2015, he earned a PhD in gastronomy from Concordia University, the first of its kind. 

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